Avec un financement record pour le secteur en 2020, la santé numérique a le vent en poupe. On estime d’ici 2023 une augmentation de 160% du marché mondial par rapport à 2019. En la matière, tous les regards se tournent généralement vers les États-Unis et l’Asie, qui sont les leaders de l’innovation sur le marché relativement jeune de la santé numérique. Cependant, l’e-santé est également en plein essor en Europe avec plus de 600 start-up actives, dont la licorne française Doctolib.
L’Hexagone, avec son système de santé public-privé unique en son genre est l’un des leaders du secteur. L’innovation dans le domaine des soins de santé n’est d’ailleurs pas nouvelle en France et la Covid-19 n’a fait qu’accélérer la tendance.
Un écosystème français florissant
Cela fait quelques temps déjà que les investisseurs prennent note de la croissance et du potentiel du marché, en particulier en France. Au printemps 2019, Paris était d’ailleurs le pôle technologique qui connaissait la croissance la plus rapide en Europe, derrière Londres. Preuve en est, Bpifrance étant le principal investisseur dans le domaine de la santé numérique en Europe. Comme le montre le marché global, les investisseurs locaux et les gestionnaires d’accélérateurs ont constaté une augmentation de la taille moyenne des transactions, en particulier en ce qui concerne les jeunes pousses dans le domaine de la santé numérique avec 10% de taux de croissance annuel moyen depuis 2016.
La taille du marché français de l’e-santé pour 2020 était estimée à 4 milliards d’euros et cette prévision devrait probablement augmenter en raison de la récente pandémie mondiale. En tête de gondole on retrouve la licorne Doctolib, une plateforme de réservation et de localisation de praticiens de santé de proximité, et Alan, une plateforme d’assurance santé évaluée à 800 millions d’euros en avril 2020. Les deux sociétés ont notamment été accompagnées dans leur développement par Agoranov, l’un des principaux accélérateurs en France.
Les incubateurs et les accélérateurs acteurs incontournables de la French Tech
Les accélérateurs et les incubateurs ont été de véritables vecteurs de croissance pour le marché de l’e-santé et représentent des acteurs incontournables pour faire de la France le pôle technologique à la plus forte croissance en Europe. 65% des start-up technologiques françaises créées au cours des cinq dernières années ont rejoint des incubateurs et accélérateurs, la majorité d’entre elles étant des start-up dans le domaine de la santé numérique.
Tout comme les incubateurs, les pôles sont des organismes publics à but non lucratif, qui rassemblent des fondateurs, des centres de recherche, des universités et des associations d’innovation afin de lancer des start-up fortes. Cela contraste avec les accélérateurs, qui ne prennent que des engagements limités. Les incubateurs et les pôles accompagnent les start-up pour une durée indéterminée et ont tendance à être moins sélectifs en ce qui concerne leurs fondateurs. Étant donné que de nombreuses start-ups françaises du secteur de la santé numérique terminent avec succès une incubation ou une accélération, elles peuvent trouver plus facilement un investisseur qui leur convient et attirer des investissements plus importants lors des premières étapes.
Les atouts français
Acteur majeur de l’économie de l’UE, la France s’est révélée être le lieu idéal pour lancer et développer une entreprise prospère. Au cours des trois dernières années, la France a continué d’investir massivement dans la création de pôles technologiques et dans la promotion des talents technologiques via le programme de « La French Tech ». Le pays compte aujourd’hui des dizaines de pôles technologiques, dont Station F, le plus grand campus de start-up au monde, 240 incubateurs, 50 accélérateurs et 70 pôles de compétitivité.
L’Hexagone accueille certaines des meilleures écoles techniques et universités de l’UE (École Polytechnique, Université de Paris Saclay, HEC, etc.), qui forment de brillants talents. Elle dispose d’une base solide pour l’innovation, soutenue par des infrastructures de santé et par les récents investissements du gouvernement en faveur de l’innovation dans le domaine. Et, comme vu précédemment, l’écosystème français permet d’incuber et d’accélérer de nombreuses startups ce qui réduit les risques d’investissement.
Bien que la pandémie ait accéléré la tendance de l’innovation en matière de santé numérique en France, comme partout dans le monde, il est fort probable que cette tendance va encore s’accentuer dans le monde post-pandémique. L’e-santé semble donc représenter l’un des secteurs incontournables de demain.